Une histoire concise de Turnhout

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Les origines

Dans les environs de Turnhout, des restes de chasseurs néanderthaliens datant de 35 000 av. J.-C. ont été retrouvés. Les vestiges les plus anciens dans le cœur de ville actuel datent du néolithique (4500-2500 av. J.-C.). Le tracé des routes évitait les nombreux territoires marécageux de la Campine, mais suivait les crêtes situées plus en hauteur. L’une des grandes voies de communication d’alors allait d’Anvers à Oud-Turnhout vers l’est, en passant par Beerse et la zone de la place du marché actuelle – où se trouvait une bifurcation. Des fouilles archéologiques récentes ont mis au jour plusieurs sites de l’époque romaine et mérovingienne.

La fondation de la ville

Il est probable que dans la période ayant précédé de peu 1212, les comtes de Louvain fussent entrés en possession d’une seigneurie autour de l’actuelle place du marché de Turnhout. L’octroi des privilèges et libertés communaux à Turnhout et à d’autres communes de Campine par Henri Ier fut l’un des points d’ancrage du développement du duché de Brabant. Les habitants qui acceptaient d’habiter dans la zone des libertés étaient délivrés des droits seigneuriaux. En 1338, Turnhout obtint le droit de tonlieu, toutes les marchandises des villages environnants devant alors être proposées à Turnhout.

Le béguinage, qui fait aujourd’hui partie du patrimoine mondial de l’UNESCO, existait déjà en 1340. Dans la deuxième moitié du quatorzième siècle, alors qu’il y avait à Turnhout deux foires annuelles, une importante industrie de draperie y vit le jour. Le château de Turnhout fut considérablement agrandi par Marie de Brabant, la fille du duc Jean III. Elle ordonna la construction d’une halle au sud du marché. Elle fonda également le prieuré de Corsendonk et un chapitre de 12 chanoines dans l’église Saint-Pierre. Les ducs de Brabant successifs aimaient se rendre à Turnhout pour s’y adonner à la chasse et à la fauconnerie. Turnhout fut jadis appelée « le petit Bruxelles ».

Les temps modernes

Au XVIe siècle, plus de la moitié des 7 000 habitants de Turnhout travaillaient dans le secteur du textile, plus précisément dans la confection de coutil (tissu en lin destiné notamment à envelopper les coussins). L’empereur Charles Quint offrit en 1545 le pays de Turnhout à sa sœur, Marie de Hongrie. Elle fit du château une résidence fastueuse. L’Iconoclasme sévit en 1566 à Turnhout. En 1597 se joua la bataille de Tielenheide. La cavalerie menée par le prince Maurice d’Orange l’emporta de manière décisive sur l’armée espagnole du comte de Varax.

Au dix-septième siècle, Turnhout devint selon les chiffres de population la plus grande ville de Campine anversoise, devant Herentals. En 1667, sur ordre d’Amélie de Solms, une gravure fut réalisée par Lucas Vorsterman II. Il en ressort que la plupart des bâtiments autour de la place du marché ont été érigés en style gothique de brique.

Le 27 octobre 1789, un chapitre de l’histoire nationale y fut écrit : la ‘Bataille de Turnhout’. La politique de réforme de Joseph II suscitait le mécontentement dans les Pays-Bas autrichiens. Les patriotes brabançons vainquirent l’armée autrichienne dans une ville plongée dans le brouillard. Pendant la domination française, les anciennes institutions, corporations et métiers furent supprimés. L’église Saint-Pierre fut utilisée comme écurie. En 1798, plusieurs paysans de Turnhout s’opposèrent. L’imprimeur Pieter Corbeels – né à Louvain – était un de leurs meneurs.

Sous le régime de Napoléon, les anciens projets d’une chaussée reliant Anvers à Turnhout furent menés à bien. Une dizaine d’années après l’indépendance belge, le canal arrivait à Turnhout et en 1855, c’était le tour des chemins de fer. 1886 marqua l’inauguration de la ligne de tram en direction d’Anvers. Durant la révolution industrielle, la production textile connut de sérieux revers. L’innovation vint de l’industrie de transformation du papier. Les principales usines furent initialement celles des sociétés Brepols et Glenisson & Van Genechten. Turnhout devint le principal producteur en Belgique de cartes à jouer, de livres et de papier coloré. La fabrication de dentelle aux fuseaux était la première activité professionnelle des femmes. Les conditions de travail et de vie pénibles de la classe ouvrière furent améliorées avec peine à force de grèves et d’actions des mouvements ouvriers.

Le vingtième siècle

En 1904, Turnhout était la deuxième ville de la province, et possédait un système de conduites d’eau et d’égouts moderne. Après la Seconde Guerre mondiale, la plupart des usines ont déménagé dans la périphérie. L’industrie électronique, pharmaceutique (le Dr Paul Janssen) et chimique ont connu une croissance remarquable. Le fabricant de cartes à jouer CartaMundi devint même leader mondial.

Sur le plan de l’enseignement également, Turnhout remplit rapidement un rôle de centre. L’arrivée d’hôpitaux modernes, de centres de sport et de la jeunesse, de musées et, notamment du centre culturel De Warande, ont contribué au titre officieux de « capitale de la Campine ». Officiellement, Turnhout est le chef-lieu de l’arrondissement électoral et du canton judiciaire du même nom.

L’aspect de la ville a été profondément transformé par la démolition de plusieurs bâtiments comme l’ancien hôtel de ville et l’arrivée de nouvelles constructions modernes. La Ringlaan et l’autoroute E3 (l’actuelle E34) devaient mettre sur la bonne voie le trafic automobile croissant.

La fusion des communes de 1977 ignora Turnhout. La collaboration avec Oud-Turnhout, Vosselaar et Beerse est finalement intervenue par la création de la Stadsregio (ville région) de Turnhout en 2007. La Stadsregio est devenue l’une des 13 villes centrales de Flandre.

Turnhout est maintenant les deux pieds dans le XXIe siècle. Un projet « Turnova » ambitieux sur le site Brepols, la rénovation du quartier de la gare (Niefhout), une nouvelle bibliothèque et la question difficile de la mobilité démontrent combien les défis pour l’avenir restent nombreux.

Bert Tops & Bert Hendrickx
Taxandria, Cercle d’histoire et d’archéologie de la Campine anversoise